Dans son rapport sur le e-commerce en Côte d’Ivoire, la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED 2020) tire une conclusion alarmante : « Il n’existe aucune politique ou stratégie dédiée au développement du commerce électronique » en Côte d’Ivoire.
En 2024, le constat demeure. Le gouvernement n’a toujours pas défini une stratégie claire de développement du e-commerce. Celle-ci s’inclut dans la stratégie plus globale dite « Stratégie de développement des services numériques ». Toutefois, les conditions à la croissance du e-commerce telles que définies par les experts se réunissent progressivement. A commencer par les infrastructures TIC et les services.
Les défis des infrastructures TIC et de la logistique
C’est que, l’accès des populations à internet à un faible coût est une priorité dans le développement du e-commerce. Ici, la Côte d’Ivoire a fait des progrès. Le dernier rapport 2023 de l’Autorité de régulation des télécoms/TIC (ARTCI) révèle que le taux de pénétration d’internet mobile est de 94 %. Ce chiffre est le résultat d’investissements du projet Réseau national haut débit (RNHD) dont les deux premières phases ont été achevées. En revanche, la logistique et la facilitation des échanges restent des défis à relever.
Ces difficultés, constate l’agence des Nations unies, expliquent que les coûts logistiques en Côte d’Ivoire soient supérieurs à l’Europe, pour un coût de la main d’œuvre inférieur. « Le coût de la tonne kilométrique en Côte d’Ivoire est compris entre 35 et 45 FCFA selon que l’on soit plus ou moins proche d’Abidjan », souligne la CNUCED. La problématique de l’adressage des rues ayant été réglée, en 2023, avec le Projet d’adressage du district d’Abidjan (PADA), le coût de la tonne kilométrique devrait, en toute logique, baisser.
Le défi de la dématérialisation des paiements
Il reste alors la question de la dématérialisation des paiements, encore limitée, « malgré le fort développement de la monnaie mobile qui est essentiellement utilisée pour des opérations de dépôt/retrait et ne sert que très peu aux paiements ou transferts entre personnes ». La CNUCED identifie, du reste, la faible bancarisation de l’économie ivoirienne comme l’ultime explication de l’utilisation minime des paiements en ligne « classiques » de type Visa, Mastercard, Paypal, qui rebutent nombre d’utilisateurs potentiels. Elle incite, par conséquent, les banques à transformer leurs cartes de paiement en cartes de débit/crédit et non pas uniquement de débit pour le commerce local ; à développer l’interopérabilité des services financiers ; à généraliser l’accès aux codes USSD et leur exploitation pour les opérateurs de téléphonie mobile, et à sensibiliser les utilisateurs sur la sécurisation des transactions apportée par le recours au paiement en ligne, et plus généralement sur les gains potentiels à adhérer au commerce électronique via une plateforme électronique d’échange.
Cadre juridique, développement des compétences et SAV
La dernière marche est l’amélioration du cadre juridique et règlementaire ivoirien régissant tant les pratiques de commerce traditionnel que le e-commerce. En la matière, les dernières lois, décrets et ordonnances en vigueur datent de 2016-2017. Il y a urgence à les actualiser pour répondre aux défis du moment. Le développement des compétences pour le commerce électronique, selon la CNUCED, doit, lui aussi, s’accélérer. Cela passe par des réformes de l’Enseignement technique et professionnel pour répondre aux besoins du marché numérique.
Enfin, la CNUCED passe par perte et profit la qualité des produits et le service après-vente (SAV). « 58% d’Ivoiriens reprochent aux plateformes de e-commerce la mauvaise qualité des produits livrés. Le modèle de marketplace n’est pas forcément compris par la clientèle et elle a directement recours aux e-commerçants en cas de défaillance sur un produit acheté. De ce fait, les plateformes de e-commerce négocient des garanties ou la mise en place de SAV auprès de leurs principaux fournisseurs », constate l’agence onusienne.
La Poste de Côte d’Ivoire : prendre le leadership du e-commerce
A la fin des fins, la CNUCED tranche : « Il manque une stratégie nationale de commerce électronique et un leadership entre les différentes institutions en lien avec les TIC, l’économie numérique ou le commerce électronique, ce qui conduit à un manque de coordination et de visibilité des actions en cours. Il faut adopter une stratégie nationale en matière de développement du commerce électronique ».
Et c’est là que La Poste a un rôle majeur à jouer. Mieux, elle doit prendre le leadership sur ce secteur en pleine croissance. Notamment dans le suivi des paquets et colis entre le bureau expéditeur et le bureau de destination. Un plan en la matière existe à travers le Projet Ecom@Africa, la solution digitale déployée par l’Union postale universelle (UPU). Pour tout savoir sur ce projet et son état de déploiement par La Poste de Côte d’Ivoire cliquez sur le lien :
K. Bruno