Dans cet entretien, Marie Lucette N’Guessan, initiatrice du programme Digital au Féminin Tour, consultante en communication digitale, revient sur l’importance de la formation numérique des femmes. Elle aborde également les obstacles auxquels elles sont confrontées et les compétences essentielles pour renforcer leur autonomie dans le numérique.
Comment la formation numérique peut-elle aider les femmes à se protéger contre les violences ?
La formation numérique est essentielle pour tout le monde, en particulier pour les femmes. Elle leur donne la possibilité d’être autonomes, de gagner leur vie et de se défendre contre toutes les formes de violence. Grâce à la formation numérique, elles peuvent également prévenir les violences en ligne, telles que le harcèlement et les propos haineux, et savoir faire la distinction entre ce qui est approprié et ce qui ne l’est pas. C’est un moyen puissant de renforcer leur confiance et leur sécurité en ligne.
Existe-t-il des obstacles auxquels les femmes sont confrontées lorsqu’il s’agira d’accéder à la formation numérique ?
Effectivement, il existe déjà des obstacles auxquels les femmes sont confrontées lorsqu’il s’agit d’accéder à la formation numérique. Les principaux obstacles incluent l’accessibilité aux équipements informatiques en raison de leur coût, les stéréotypes qui découragent les femmes à utiliser le numérique ou à travailler dans ce domaine, et le manque de formations, en particulier pour les femmes vivant dans des zones reculées. Le manque de formation est l’un des problèmes majeurs pour les femmes intéressées par les questions numériques. On espère que ces obstacles seront réduits avec le temps.
Quelles sont les compétences numériques essentiels pour renforcer l’autonomie des femmes dans la lutte contre les violences basées sur le genre ?
Il y a aujourd’hui énormément de compétences dont on a besoin, mais je pense que la compétence basique est de pouvoir se servir de l’outil numérique. C’est l’une des compétences clés. Si on sait comment se servir du numérique, on peut avoir accès à de nombreuses ressources. Ensuite, si les femmes souhaitent développer des solutions pour lutter contre les violences faites aux femmes, je pense que les compétences de conception de plateformes, de logiciels et de sites web sont importantes.
Ainsi, en développant ces plateformes en tant que femmes, elles peuvent les rendre plus adaptées à leurs réalités. La plupart des plates-formes existantes sont développées par des hommes qui, même s’ils comprennent la situation des femmes, ne peuvent pas forcément proposer des solutions adaptées à 100% à leurs réalités. Il est donc important d’encourager davantage les femmes à s’intéresser aux métiers techniques du numérique pour qu’elles puissent être elles-mêmes actrices du développement de solutions.
Comment peut-on encourager davantage les femmes à s’impliquer dans cette initiative d’inclusion numérique ?
Pour encourager davantage les femmes à s’impliquer dans cette initiative, il est important de faciliter leur accès aux matériels informatiques et à l’internet. En parallèle, nous pouvons mettre en place des programmes de formation adaptés, qui leur permettent de se former à moindre coût, voire gratuitement, sur une certaine période. Il est également essentiel de changer notre langage vis-à-vis des femmes et de ne pas considérer le numérique comme exclusivement réservé aux hommes. En modifiant notre langage, nous pouvons encourager les femmes à s’approprier le numérique.
Entretien réalisé
Par Aida Soro