Dans cet entretien Redda Ben Geloune (PDG AITEK) parle des enjeux et défis de l’intelligence artificielle (IA). C’était à l’occasion de la 4ème édition du Cyber Africa Forum (Caf) qui s’est tenue les 15 & 16 avril 2024 au Sofitel Hôtel Ivoire, à Abidjan autour du thème « Risques cybernétiques et Intelligence Artificielle (IA) : quelles stratégies de défense face aux nouvelles menaces numériques ? ».
Quel intérêt pour vous de participer au Cyber Africa Forum ?
Nous participons à cet événement parce que le CAF a décidé de faire bouger les lignes au niveau de la cybersécurité et des technologies connexes. Nous sommes venus apporter notre contribution aux efforts qui sont fait par Franck Kié et son équipe pour le développement de l’écosystème des techs en Afrique et particulièrement en Côte d’ivoire.
En 2023, vous disiez que le marché de la cybersécurité représentait près de 130 milliards de dollar, est-ce qu’aujourd’hui, vous pouvez dire que les africains occupent leurs places dans cet écosystème ?
Le marché ne cesse de croître au niveau mondial et le continent le plus attaqué est l’Afrique mais on manque d’expertise et de structure. On ne protège pas de datas en Afrique, les américains et les européens protègent leurs datas. Les Etats-Unis et l’Europe investissent des milliards dans le stockage des datas, mais les africains, rien.
Quand vous dites que les Africains ne font rien, qu’est-ce que vous voulez dire ?
L’IA, ce sont 3 piliers. Il y a la data. ChatGpt est un modèle américain. L’or aujourd’hui, ce sont les données. Le 2ème pilier, c’est le coût de stockage et pour exporter ce modèle, il faut des datas centers et le 3è pilier ce sont les algorithmes. La question, c’’est qu’est-ce qu’on fait pour augmenter notre essence opérationnelle ? On est tous en train de travailler, secteur public et secteur privé pour pouvoir mettre ensemble les différents experts du continent.
Le grand remplacement à quoi cela vous fait penser ?
Quand on parle du grand remplacement, c’est une volonté politique, c’est un problème de vision. Il faut transformer les mentalités et les mindtech. En Afrique, on réfléchit suivant un modèle linéaire alors que le monde d’aujourd’hui fonctionne suivant un modèle exponentiel pour réussir à être les champions de l’intelligence artificielle.
Aujourd’hui, quels sont les défis auxquels l’Afrique doit faire face ?
Le plus grand défi, c’est celui que nous venons de traiter dans le panel, il y a tout ce qui attrait à l’intelligence artificielle. Il y a d’énormes investissements structurels, data centers, stockage de données, les investissements essentiels qui doivent être fait au niveau étatique pour nous puissions continuer à accélérer la transformation.
Pour vous l’IA est une opportunité pour le continent africain ?
C’est plus qu’une opportunité. C’est le moyen que nous avons pour pouvoir rattraper notre retard face aux continents européens et américains.
Quelles sont les limites de l’intelligence artificielle ?
Il n’y a pas de limites, nous au contraire, on doit chercher à embrasser cette technologie et à l’adopter beaucoup rapidement. En Afrique la moyenne d’âge est 19 ans contre 42 ans en Europe et 38 ans aux Etats Unis, donc on a une jeunesse qui est beaucoup plus sensible à ce changement, qu’on devrait capitaliser pour accélérer ce changement.
Mais que répondez vous, à ceux qui pensent que l’Afrique est un continent de consommation ?
Justement on le dit parce que nous ne consommons que ce qui est produit par les autres, si on consommait notre propre richesse, il n’aurait pas de problème. C’est pourquoi avec cette technologie, on a les moyens de rattraper notre retard pour produire notre propre richesse.
Vous avez également parlé de souveraineté des Etats en matière de technologie ?
Oui, la souveraineté des Data, la souveraineté des données et ça ce sont des investissements qu’on doit faire pour changer de paradigme.
Entretien réalisé par Eugène YAO