Comment garantir que l’IA respecte nos valeurs fondamentales, nos droits individuels et éviter ses dérives ? Les questions que soulèvent cette technologie ne sont pas banales. Le Cyber Africa Forum (CAF 2024) tente d’apporter des réponses.
La 4ème édition du Cyber Africa Forum (CAF 2024) s’est ouverte, ce lundi 15 avril 2024, à Abidjan, en Côte d’Ivoire, autour du thème : « Risques cybernétiques et Intelligence artificielle (IA) : quelles stratégies de défense face aux nouvelles menaces numériques ? » Thème pertinent au moment où, selon Franck Kié, Commissaire général du CAF, les cybercriminels utilisent sans modération l’IA pour développer des attaques de plus en plus sophistiquées.
Les menaces cyber liées à l’intelligence artificielle
« J’en veux pour preuve l’incroyable accessibilité de certains outils permettant d’écrire du code malveillant, de créer des malwares indétectables ou des pages de phishing et même de rechercher des vulnérabilités et des fuites de données. L’un d’entre eux est disponible à l’abonnement pour 200 dollars (120 mille FCFA) par mois, tarif dégressif ! Tout ceci, alors que le nombre de cyberattaques a doublé au cours des cinq dernières années et les coûts liés à la cybercriminalité sont en hausse, avec des estimations à 10 500 milliards FCFA d’ici à 2025 », alerte Franck Kié.
En 2022, « selon l’Union internationale des télécommunications (UIT), la cybercriminalité a coûté à l’Afrique 2000 milliards de FCFA, soit près de 4 milliards de dollars », souligne le ministre de Transition numérique et de la Digitalisation. La menace cyber étant présente, partout et sous plusieurs formes (Faux ordres de virement, hameçonnage, attaques par rançongiciels, chevaux de Troie, escroquerie en ligne, cyber-extorsion, etc.), Ibrahim Kalil Konaté rappelle les dispositions législatives adoptées par la Côte d’Ivoire pour contrer ce fléau des temps modernes.
La cyberdéfense par la législation en Côte d’Ivoire et dans le monde
Notamment, la loi sur la protection des données à caractère personnel et la loi portant lutte contre la cybercriminalité de 2013, et la Stratégie nationale de cybersécurité de décembre 2021. Il annonce que, dans les mois à venir, une loi portant création de l’Agence nationale de sécurité des systèmes d’informations (ANSSI) sera votée. Sur la scène internationale, « la Côte d’Ivoire est partie-prenante du projet cybersécurité de Smart Africa de 2021, de même qu’elle a adhéré à la Convention de Budapest sur la cybercriminalité et à la Convention de Malabo sur la cybersécurité et la protection des données à caractère personnel de Mars 2023 ».
Ces dispositions servent de base de travail à la Plateforme de lutte contre la cybercriminalité (PLCC) et à la direction de la cybersécurité et de la confiance numérique. Le gouvernement ivoirien a, du reste, créé un Centre d’innovation en cybersécurité à l’ESATIC, alors qu’il envisage la construction d’un Centre des opérations de sécurité inclus dans le projet de construction du data center national. Le CAF 2024 entend, lui aussi, jouer sa partition, en s’affirmant comme la plateforme de référence des acteurs de la cybersécurité (Entreprises, experts, gouvernements, etc.).
Cybersécurité : Mettre l’accent sur la collaboration internationale
Celle-ci devrait développer des stratégies de défense plus efficaces face à ces nouvelles menaces. « Nous mettrons l’accent sur la collaboration régionale et internationale, le renforcement des compétences des professionnels de la sécurité, le soutien aux jeunes talents, et la promotion des femmes dans le domaine de la cybersécurité. Mais ne croyez pas qu’il ne s’agit là que de beaux discours », promet Franck Kié.
« L’heure est grave et notre action est plus que jamais cruciale. Nous nous engageons, cette année, à aller au-delà de la réflexion théorique pour nous concentrer sur des actions concrètes et conjointes, afin de naviguer ensemble à travers ces défis et opportunités », ajoute le Commissaire général du CAF.
« Ensemble par un dialogue éclairé et une vision d’avenir, nous tracerons la voie vers un cyberespace plus sûr et une intelligence artificielle au service de l’humain », renchérit Ibrahim Kalil Konaté.
K. Bruno