L’une des solutions à la problématique de l’emploi des jeunes et des femmes se trouve dans l’innovation technologique, donc dans le secteur des start-ups d’innovation. Sauf que dans ce secteur, la Côte d’Ivoire est à la traine, loin, très loin dans le classement mondial et africain.
Index global de l’innovation technologique : la Côte d’Ivoire au 114ème rang mondial
En 2021, la Côte d’Ivoire a occupé le 114ème rang mondial dans l’index global de l’innovation. Cet indicateur est un instrument d’évaluation des performances des pays du monde entier dans le secteur de l’innovation. Selon Florence Tahiri épouse Fadika, conseillère technique au ministère de la Communication et de l’Economie numérique, « ce classement n’est pas du tout bon ».
« En Afrique, ceux qui sont à la tête sont les pays anglophones et ceux du Maghreb. Même des pays comme le Sénégal et le Rwanda passent avant nous, alors qu’ils n’ont pas plus d’atouts que nous », déplore-t-elle, au cours du panel suivant la présentation du concours Y’ello Start-up 4 de MTN, tenu le jeudi 7 juillet, au Casino du Sofitel Abidjan Hôtel Ivoire.
Ce classement est d’autant plus dévalorisant « qu’a priori, ils ne sont meilleurs que nous en matière d’innovation ». Dès lors, elle tranche : « Au regard de nos potentialités, c’est un classement qui doit nous déranger ». Dans ces conditions, que faut-il faire pour remonter dans le classement ? Quelles solutions pour accélérer le développement des start-ups ivoiriennes, encore à la traine, malgré les nombreuses stratégies et initiatives ?
Quelles solutions pour accélérer le développement des start-ups ivoiriennes ?
-Le Fonds de promotion des start-ups
Au dire de la représentante du ministère de la Communication et de l’Économie numérique, cinq grands chantiers sont prévus pour le développement des start-ups ivoiriennes. Parmi eux, un projet de loi portant statut et développement des start-ups, en cours de préparation.
Cette loi définira les conditions d’accompagnement des start-ups. Elle sera accompagnée de mesures fiscales et d’un Fonds de promotion des start-ups (FPS). Ce fonds devrait permettre de financer tous les besoins de l’écosystème. Un autre fonds, le Fonds ivoirien de l’innovation, est, quant à lui, destiné, en plus des start-ups technologiquement innovantes, au développement des structures d’accompagnement en entrepreneuriat, notamment les incubateurs, les fablabs, etc.
– Labélisation des start-ups
En attendant, révèle-t-elle, « le cadre juridique du projet de loi portant statut et développement des start-ups est déjà finalisé au ministère de la Communication et de l’Economie numérique ». Cet arsenal juridique, précise-t-elle, « prévoit de labéliser les start-ups, « c’est-à-dire définir clairement la start-up pour lui attribuer cette étiquette afin de lui faire profiter des mesures d’accompagnement qui vont avec cette labélisation. Entre autres, le fonds de garantie et les mesures fiscales ».
Dans cette perspective, un projet de décret portant création d’un comité de labélisation est sur la table. Et tous les acteurs de l’écosystème devraient y siéger. « Il n’y aura pas que le secteur public pour prendre les décisions, il y aura aussi les bailleurs de fonds, les entreprises, etc. », rassure Mme Fadika.
– Organisation du FPS et incitations fiscales
Un autre projet de décret portant organisation et fonctionnement du Fonds de promotion des start-ups est en cours de rédaction. Il a pour objet de clarifier les conditions de financement et de garantie des start-ups. « Les sources de financement, explique la représentante du ministère de tutelle, proviennent de l’Etat, donc du budget et des subventions, et bien sûr des bailleurs de fonds nationaux et étrangers ».
Quant aux incitations fiscales, des propositions seront faites en incluant à la fois les start-ups, les investisseurs et les structures d’accompagnement (incubateur et accélérateur). Le tout inscrit dans la loi de finances. « Je ne vous apprends rien, le processus pour faire voter une loi est long, de nombreuses étapes sont à franchir, pour finir par l’Assemblée nationale et le Sénat. Donc, ça va être long », prévient la conseillère technique.
– L’innovation comme levier de croissance
Toutefois, nuance-t-elle, « au ministère de la Communication et de l’Economie numérique, c’est une priorité (…) L’ambition du gouvernement, c’est d’utiliser l’innovation comme levier de croissance et de compétitivité de l’économie ivoirienne pour créer de la richesse et des emplois de qualité. On est parti d’une analyse, d’un diagnostic de nos forces et faiblesses. On a vu qu’on n’était pas très bon, et à partir de là, on a identifié les axes sur lesquels on devrait travailler ».
Les plus représentatifs sont le cadre institutionnel et juridique, les infrastructures, les financements et les compétences. De ces observations et diagnostics, découlent le décret portant adoption de la Stratégie nationale de l’innovation et de la Stratégie nationale de la cybersécurité, signé le 21 décembre de 2021. Et, de ces stratégies, émergent les spécificités accordées aux start-ups.
« Certes, cela fait 6 mois que cette stratégie a été adoptée, mais, les travaux sont avancés puisque les besoins sont anciens », rappelle Mme Fadika. Ces besoins anciens sont essentiellement l’emploi des jeunes et des femmes. Ici, le numérique s’affirme comme une panacée puisqu’il est établi que « l’innovation est un atout puissant de création de valeurs », conclut-elle.
K. Bruno