La bataille du réseau internet sera, selon toute vraisemblance, la mère de toutes les batailles à venir dans le secteur des télécoms. Chaque acteur pousse ses pions…
Selon un communiqué de l’Autorité de régulation des télécoms de Côte d’Ivoire (ARTCI), en date du 19 mars 2024, la société Starlink ne possède pas de licences requises pour opérer légalement dans le domaine des télécommunications/TIC en Côte d’Ivoire. Le régulateur ivoirien rappelle que l’exercice d’une telle activité sans autorisation est illégal et peut entraîner des sanctions conformément à la réglementation en vigueur.
Starlink, une solution alternative à la fibre optique
La mise au point de l’ARTCI intervient quelques jours après le blackout internet en Côte d’Ivoire, le jeudi 14 mars 2024. Durant cette période, la tentation de se reconnecter à internet à tout prix avait poussé certains utilisateurs à chercher des solutions alternatives, notamment la connexion au réseau satellitaire et aux services offerts par l’entreprise SpaceX d’Elon Musk et son réseau Starlink. Starlink est un fournisseur de service internet par satellite présent dans 32 pays. En Afrique, le Rwanda, le Bénin, le Kenya et le Nigeria ont déjà signé des partenariats avec la société américaine.
Désormais, celle-ci vise la Côte d’Ivoire (30 millions d’habitants), et l’ensemble des pays d’Afrique de l’Ouest. Grâce à sa flotte satellitaire en orbite basse, Starlink propose de révolutionner l’accès à internet haut débit et projette de s’étendre rapidement sur le marché africain. Sauf que les régulateurs de Côte d’Ivoire, du Burkina Faso ou encore du Mali menacent de sanctionner les utilisateurs de ce service, qui échappe pour l’instant à toute régulation. Les régulateurs tchadiens et nigériens avaient déjà publié des mises en garde similaires.
Starlink serait un concurrent « dangereux » aux acteurs agréés
Des raisons financières expliquent l’opposition de ces pays à Starlink. « En l’absence d’accord avec Starlink, ses connexions échappent à toute taxation et font concurrence aux acteurs agréés. Le déploiement sauvage de ses kits de connexion poserait aussi des problèmes de sécurité : au Mali, une note du Conseil des ministres relève que cette technologie peut favoriser les actions des groupes armés terroristes », explique un observateur averti, interrogé par RFI.
Cependant, les autorités maliennes se disent prêtent à « examiner la faisabilité de l’utilisation légale de ce matériel avec les interlocuteurs officiels ». De son côté, le ministre nigérien des Télécommunication s’est entretenu avec des responsables de Starlink en marge d’un déplacement à Barcelone, récemment. Trois mois après avoir déclaré l’illégalité de Starlink sur son territoire, le Ghana a finalement fait savoir qu’il envisage de signer un accord avec le fournisseur d’accès à internet, afin de résoudre les dysfonctionnements à répétition du réseau sur son territoire. Preuve que la porte fermée peut s’ouvrir à tout moment.
K. Bruno