Impossible de se cacher pour agir à l’ère du numérique. Munis de smartphones de dernière génération, les internautes sont à l’affût de l’information…
Une semaine après la liesse de la victoire des footballeurs ivoiriens à la CAN 2023, des bulldozers missionnés par le district d’Abidjan, entrent dans certains quartiers de la commune de Yopougon. Ces engins répandent la détresse en primes. Boribana, Gesco, Mossikro et Banco, estampillés « zones à risques » sont écrasés.
Le châle de la désolation exhibé sur les réseaux sociaux
Les photos et vidéos sont capturées et publiées instantanément. Les images de gaieté de la victoire des Eléphants la CAN 2023 circulent, autant que celles des démolitions d’habitations et d’école à Abidjan. La population médusée exhibe, sur les réseaux sociaux, le châle de la désolation. Elle se fend de furie contre le gouverneur du district qui se défend.
Pendant ce temps, d’autres personnes font des publications contraires, toujours sur les plateformes numériques, accablant les sinistrés. Parmi elles, des anciens habitants de ces mêmes quartiers s’étant extirpés quelque temps plus tôt. En plein ère du digital, le public ivoirien devenu ultra connecté et surtout très réactif, l’émoi suscité par les démolitions à Abidjan est intense. C’est que les réseaux sociaux restent accessibles et l’information arrive en un clic sur la toile.
Les émojis se neutralisent
Le public visé par les démolitions partage à l’excès ses moments de détresse, les nuits passées par les enfants à la belle étoile, avec parfois une mise en scène loin du réel. Il s’ensuit un flux et une visibilité très dense. Et les réactions des Ivoiriens se comptent en millions d’émojis. Toutefois, ces petits signent d’expression des émotions sur Facebook se neutralisent en J’aime et Grogne parce que le district d’Abidjan justifie son action à travers les mêmes canaux de communication.
Il n’empêche que le gouverneur Cissé Bacongo est comparé à l’empereur Néron, se délectant du spectacle de la ville de Rome à laquelle il mit le feu en l’an 64 pour, selon lui, la reconstruire. Il est accusé de se désintéresser de la douleur de ceux qui, paraît-il, ont ignoré les avertissements des autorités depuis plusieurs années. Une hypothèse déniée par les « déplacés internes » en quête de « refuge » de circonstance. Et toute la scène se joue sous les projecteurs de Facebook, ce média qui diffuse et dévoile ce que les médias traditionnels refusent de montrer…
K. Bruno