Rien ne va plus dans la presse imprimée, en Côte d’Ivoire. Les journaux ne vendent presque plus. Les informations circulent tellement vite sur internet et les réseaux sociaux, que les consommateurs ne trouvent plus aucun intérêt à acheter pour s’informer.
Faut-il pour autant laisser mourir la presse ivoirienne ? « Non », répond le ministre de la Communication, Amadou Coulibaly. Il a donc commandité un audit du secteur dont les résultats lui ont été restitués le lundi 19 février 2024, à Abidjan-Plateau. Parmi les recommandations, l’étude formule « la digitalisation de la presse avec une présence accrue des éditeurs de presse sur le net ».
L’opinion du journaliste, un acte de validité
C’est que, avec le net, tous les Ivoiriens se sont érigés en journalistes. Un fait se produit à l’instant T, dans tel endroit. Il est filmé et aussitôt diffusé sur les réseaux sociaux. Les influenceurs web s’en saisissent ensuite pour des commentaires souvent décousus, mais qu’importe. Pourtant, pendant longtemps, les journalistes étaient la caution morale des sociétés mondiales sur la fiabilité des informations. « On l’a dit à la télé » ou « c’est écrit dans le journal », clamait-on.
Ils étaient régulièrement les invités des défilés de mode, avant-première de films, de pièces de théâtre ou de cérémonies d’ouverture de nombreux établissements financiers. Recherchée, l’opinion du journaliste demeurait un acte de validité. Mais, depuis l’ascension des réseaux sociaux, les influenceurs web apparaissent désormais comme l’épicentre des intérêts des internautes et des enseignes commerciales. Certaines personnes s’attachent beaucoup plus aux révélations ou aux insinuations faites par ces derniers.
Les influenceurs, épicentres des intérêts des internautes
Aujourd’hui, dans un monde concurrentiel où l’information détermine les perspectives économiques et politiques, les journalistes se heurtent à l’épreuve des influenceurs. Cependant, face à la vitesse des événements et la complexité des faits, le journaliste, par ses analyses, conserve le parchemin du héraut et éclaire le monde. L’influenceur parcourant un chemin d’une multitude d’abonnés, est un héros de la fascination qui entretient le rêve.
Le défi qui s’interpose sera le choix entre l’explication du monde et le monde de la duplication. Le ministre ivoirien de la Communication préfère l’explication du monde au monde de la duplication. « Toutes ces recommandations seront mises en œuvre pour le bonheur de la presse », a-t-il rassuré les hommes de médias. C’est peut-être le dernier baroude d’honneur d’un secteur sinistré qui n’arrive pas à se réinventer face aux assauts du web…
K. Bruno