La souveraineté numérique de l’Afrique est remise au goût du jour par le nouveau président du PDCI, Tidjane Thiam…
En Côte d’Ivoire, tous les hommes politiques font un usage intense des technologies, surtout par les réseaux sociaux, pour véhiculer leurs messages quand ils n’ont pas accès aux médias chauds comme la télévision et la radio nationales de service public. Au-delà de l’usage, certains semblent l’inscrire en programme de gouvernement et en objet de souveraineté… du moins dans le discours.
L’Afrique, vulnérable sur les technologies
Parmi eux, le nouveau président du PDCI, Tidjane Thiam. Il ne rate aucune occasion de placer la problématique de la technologie au cœur de son discours. « La question des nouvelles technologies, c’est là où nos pays sont les plus vulnérables en tant que pays en développement parce que là où l’avance des pays développés croît le plus vite, c’est vraiment sur les technologies qui sont directement liées au capital intellectuel », a-t-il dit ce weekend, au cours d’une de ses nombreuses sorties.
Ere du temps ou ADN d’un technocrate nourri à la sève de la culture de gestion moderne d’entreprises ? Toujours est-il que l’adoption des technologies dans les pays africains, particulièrement en Côte d’Ivoire, est moins rapide que chez les Occidentaux. Un rapport de la Banque mondiale en date de mars 2023 souligne que peu de personnes en bénéficient d’internet en Afrique, la couverture et la qualité de l’infrastructure internet en Afrique étant encore inférieures à celles des autres régions.
L’Afrique peut-elle fabriquer sa propre technologie ?
Le rapport ajoute que 54 % des Africains au sud du Sahara disposent d’un service internet mobile 4G, mais seuls 22 % utilisent ces services. Pis, les taux d’utilisation d’internet varient de 6 % au Soudan du Sud à 53 % en Afrique du Sud, ce qui souligne l’hétérogénéité de l’utilisation moyenne selon les pays. Enfin, le coût élevé des smartphones, des ordinateurs et des technologies sophistiquées comme l’IA, selon la Banque mondiale, est un facteur bloquant au développement de l’Afrique par les technologies.
« On n’a pas le choix de se dire qu’on va juste importer leur technologie parce que la copie est toujours moins bonne que l’original. La meilleure technologie, c’est celle que vous fabriquez vous-mêmes à travers l’analyse de vos besoins. Ce n’est pas des solutions qui ont été développées ailleurs qui vont venir ici tout révolutionner », alerte Tidjane Thiam. La vraie question est : comment fabriquer sa propre technologie. Ici, il ne donne pas de réponse politique souveraine…
K. Bruno