Le divertissement plus que la réflexion occupe l’espace des médias sociaux en Côte d’Ivoire. Au grand dam du développement…
Le monde est en pleine mutation. Les technologies émergentes comme l’intelligence artificielle, le Big data, l’internet des objets, les véhicules autonomes, etc., occupent la réflexion des Occidentaux. Ceux-ci se préparent à amortir les grands chocs que ces technologies provoquent dans leurs sociétés. Les débats sur leurs chaines de télé et leurs médias sociaux tournent autour de ces questions qui façonnent le monde d’aujourd’hui et celui de demain.
Le buzz d’une servante sur les réseaux sociaux…
Pendant ce temps, sous nos tropiques, particulièrement en Côte d’Ivoire, les chaines de télé et les réseaux sociaux sont occupés par des sujets domestiques sans intérêt. Dans une vidéo TikTok devenue virale en Côte d’Ivoire, une servante de maison a adressé un avertissement aux femmes au foyer, les incitant à prendre plus de responsabilités dans les tâches ménagères pour éviter de perdre leur mari au profit de la servante.
Pour elle, le fait d’être séduisante n’est pas la raison pour laquelle leurs maris les ont draguées avant de les épouser. Ce serait plutôt parce que ces femmes mariées étaient censées maitriser les aspects de la vie domestique. D’ailleurs, ajoute-t-elle, si les patrons sont tentés d’avoir des liaisons secrètes avec leurs domestiques, ce seraient aussi parce que celles-ci s’occupent mieux d’eux que leurs propres femmes. La vidéo suscite des réactions intenses sur les réseaux sociaux, avec des millions de commentaires. Elle fait la Une depuis plus d’une semaine.
Dérives langagières sur les réseaux sociaux
Dans le même élan de la grande appétence des Ivoiriens pour des sujets de paille, le web humoriste Florent Amani ou Observateur Ébène sur TikTok est arrêté et placé en détention le 15 avril 2024. Il est ensuite jugé et condamné à 1 an de prison dont 6 avec sursis par le tribunal pour délits d’injures, diffamation et atteinte à l’image de Marie-Paule Adjé, actrice, web influenceuse. Sur la voie du rire, le meilleur peut entrer en collision avec le pire.
La Plateforme ivoirienne de lutte contre la cybercriminalité (PLCC) qui l’a interpellé, brandit l’épée de Damoclès au moment où les dérives langagières s’amoncèlent sur les réseaux sociaux. Polluer des vies et des carrières semblent être la mission que les Ivoiriens ont assigné à Facebook et TikTok pour créer le buzz et se faire voir. Chaque jour, ils sont 11,23 millions d’internautes (38,4 % de la population totale) à parcourir ces plateformes. 7 millions y sont très actifs, soit 23,9 % de la population totale. Si seulement, cette masse pouvait accorder plus d’intérêt aux grands enjeux numériques du moment…
K. Bruno