Selon une étude de McKinsey, les revenus du marché du paiement électronique, en Afrique, devraient atteindre 40 milliards de dollars (25000 milliards de FCFA) en 2025. En 2020, ce marché pesait 24 milliards de dollars. En Côte d’Ivoire, les start-ups Djamo, CintePay, Wave, Yellow Card, Push, sont en pôle-position. Gros plan sur les solutions innovantes que ces jeunes pousses offrent.
Régis Bamba-Hassan Bourgi : Djamo, la carte Visa à tout faire
Djamo, la fintech la plus en vue en Côte d’Ivoire est, longtemps, restée loin du tape-à-l’œil. Créée en 2020 par Régis Bamba et Hassan Bourgi, cette start-up est passée par les bancs de l’américain Y Combinator, en 2021. Dans la discrétion, ses deux fondateurs ont d’abord travaillé à donner des bases solides à leur business avant de se projeter au-devant de la scène ivoirienne. A la fin, le duo d’entrepreneurs a relevé les défis de l’éducation financière et de la méfiance envers les services financiers numériques.
Désormais, sa solution Djamo fait la Une des grands magazines mondiaux. « L’idée est née d’une frustration : la majorité des Ivoiriens n’a pas accès à des services bancaires de base », raconte Régis Bamba dans un magazine ivoirien. La suite est connue. Son compère et lui développent la première super-application financière 100% numériques. Celle-ci permet aux usagers, à partir d’une carte Visa de prendre le contrôle de leur argent, depuis leur téléphone mobile. Achats, dépenses, paiements mobiles, transferts d’argent, épargne et investissements, tout passe sur Djamo.
Martial Monthe et Daniel Djindji : CinetPay pour faire disparaitre le cash
En mai 2016, Idriss Martial Monthe et Daniel Dindji crée la solution de paiement CinetPay. A l’origine, une réflexion : « La plupart des Africains n’ont pas de compte bancaire. En revanche, ils possèdent un téléphone mobile ». A partir de là, les deux amis, qui se sont rencontrés à la maternelle, à la Farandole, à Abidjan, jusqu’à leur diplôme d’ingénieur à l’Ecole supérieure d’ingénieurs et de technologie (ENSIT), déroulent leur idée : regrouper tous les opérateurs de mobile money en une seule interface numérique permettant aux usagers des systèmes de paiement mobile d’effectuer leurs transactions.
Ainsi, CinetPay regroupe Orange, MTN et Moov Money en une seule page et un seul back-office de gestion. La start-up permet aux sites marchands et aux applications de collecter les paiements via des portefeuilles en ligne, le mobile money ou un compte bancaire classique. Toute chose qui règle les risques autour du paiement en cash à la livraison, une pratique bien populaire en Afrique. Pour tout dire, CinetPay offre aux entreprises, banques, assurances, administrations, ONG, etc., une plateforme pour vendre, accepter les paiements en ligne et être reversés en 48h. Idriss Martial Monthe et Daniel Dindji ont un plan : faire disparaître le cash.
Wave : Le casseur de prix
Quand Wave Mobile money fait irruption sur le marché de la fintech, en Côte d’Ivoire, en 2021, c’est la débandade. Ses fondateurs Drew Durbin et Lincoln Quirk, deux Américains, ont développé cette application mobile concurrentielle au code USSD, utilisé par les « seigneurs » des services financiers digitaux traditionnels, Orange, MTN et Moov. Wave fonctionne à partir de la connexion internet. Et, elle prend le contrepied des grilles tarifaires complexes des opérateurs historiques. Gratuité des opérations de dépôt et de retrait d’argent, et un taux fixe de 1 % sur les transferts nationaux, Wave casse les prix.
Orange, MTN et Moov, qui taxaient entre 3 et 10 % les transactions similaires, sont dépassés. Ils perdent d’énormes parts de marché. La vague Wave est si violente qu’ils finissent par s’aligner. « Or donc, ils pouvaient faire ça, et puis, ils nous ont volé pendant des années ! », s’exclament les Ivoiriens, médusés, en colère. Mais, tout finit par s’arranger. Depuis 2022, tous pratiquent les mêmes prix sur les transactions (1%). Toujours en 2022, Wave entre dans le club des Licornes avec une valorisation d’1,7 milliard de dollars (1000 milliards de FCFA).
Yellow Card dans la filière complexe de la cryptomonnaie
En Côte d’Ivoire, la start-up Yellow Card, créé aux Etats-Unis, en 2016, par Chris Maurice et Justin Poiroux, est à ses débuts. Et comme tout début, elle balbutie. En revanche, elle est active dans 20 pays, dont le Nigeria. C’est que, elle opère sur un segment encore méconnu et complexe pour les Ivoiriens : la cryptomonnaie et ses services de transferts de fonds, de paiements et de produits d’épargne. Pourtant, à international, Yellow Card bénéficie de la confiance des investisseurs. Elle a, à son actif, plusieurs levées de fonds dont un de 40 millions de dollars (22 milliards de FCFA).
Mais, le problème avec la crypto, c’est le manque de clarté réglementaire dans les pays africains qui entrave la capacité des start-ups de la filière à s’imposer. Toutefois, Yellow Card essaie de contourner l’obstacle. « Nous proposons notre application pour vous connecter et effectuer vos transactions avec vos partenaires quelle que soit leur zone économique ou la monnaie utilisée », rassure Sylvio Contayon, directeur de Côte d’Ivoire de la start-up. « Les échanges se font en USDT, une cryptomonnaie adossée au dollar. C’est un Stable Coin ou jeton stable qui ne fluctue pas et ne se dévalue pas », ajoute-t-il, dans une interview exclusive à Digitalmag.ci. Ceux qui ont en fait l’expérience en disent du bien.
Push Côte d’Ivoire, certifié PCI-DSS
Steven Bedi est l’un des fondateurs de la start-up fintech Push Côte d’Ivoire. Celle-ci propose une carte Push Visa international qui permet d’effectuer tout type de transactions courantes (paiement TPE, retrait en DAB/GAB, paiements en ligne) sur le territoire ivoirien et partout dans le monde. Cette carte permet aussi de recevoir et envoyer de l’argent via tous les opérateurs de mobile money, présents sur le marché des services financiers digitaux ivoiriens. La carte virtuelle Push est dotée des mêmes fonctionnalités.
En un mot Push Côte d’Ivoire est une super-application tout en un. Elle offre, en plus, des services d’achats de crédits téléphoniques et de paiements de factures. La start-up du président du #CI20 se targue d’avoir le premier compte mobile tout-en-1, certifié PCI-DSS, adossé à une carte bancaire Visa à destination des salariés non-bancarisés et des acteurs du secteur informel. La certification assure aux organismes bancaires et aux utilisateurs de services en ligne un haut niveau de sécurité.
K.Bruno