Les interminables files d’attente aux caisses et autres services manuels offerts aux usagers de banque prennent, progressivement, fin dans certains établissements de Côte d’Ivoire. A Coris Bank et AFG Bank, notamment. Ces deux banques ont trouvé des solutions digitales pour faciliter la vie de leurs clients. Une étape importante dans l’amélioration de l’expérience client par le numérique dans le secteur bancaire en Côte d’Ivoire.
Coris Bank se réinvente après le rachat de Standard Chartered Bank
Coris Bank International Côte d’Ivoire a finalisé, le 30 août 2024, le rachat de la branche « retail banking » de Standard Chartered en Côte d’Ivoire. L’acquisition, amorcée 8 mois plus tôt, permet à Coris Bank d’élargir son offre de services bancaires. Fondée par le burkinabè Idrissa Nassa, cette banque s’impose comme un acteur de premier plan sur le marché ivoirien en matière de digitalisation. Ce rachat survient dans le cadre d’une restructuration plus large de Standard Chartered Bank, qui avait annoncé, à la mi-décembre 2023, la cession de son activité de banque de détail à Coris Bank.
Les prémices d’une digitalisation 360°
Avec toutes les validations en poche, Coris Bank accroît sa présence en Côte d’Ivoire. Standard Chartered Bank, leader dans la digitalisation des process, lui lègue ainsi un excellent héritage. Du reste, le nouvel acquéreur continue sur la même lancée avec sa plateforme online E-coris. Celle-ci offre toutes les transactions à portée de clic : consultation de solde, édition de relevé bancaire, virements de compte à compte, paiements mobiles, demande de chéquiers.
Enfin, Standard Chartered Bank a été la première à autoriser un transfert d’argent d’un compte mobile money vers un compte bancaire et inversement. Les prémices d’une digitalisation 360°.
AFG Bank propose la création de compte bancaire sans se déplacer
Quant à Atlantic Financial Group (AFG) Bank, plus connu sous le nom AFG Bank, elle ne cesse de recevoir des commentaires dithyrambiques de la part ses clients. Pour cause, cette filiale d’Atlantic Group vient de lancer une plateforme digitale qui permet de gérer tout le tralala d’agence à distance.
L’application mobile AFG e-Bank app permet, en effet, la création de compte bancaire, de la première à la dernière étape, sans le moindre déplacement en agence ; de télécharger son RIB (Relevé d’identité bancaire) ; de prendre un prêt ; de faire des virements et de programmer un rendez-vous physique ou non avec son gestionnaire.
La digitalisation de Coris Bank et d’AFG Bank est à l’état de chrysalide. Le papillon prendra son envol lorsque certains défis seront relevés, notamment la sécurité des données, la sécurité des fonds et l’expérience client. Mais, il faut déjà saluer cette migration technologique. Il reste à espérer que les autres banques suivent la cadence. A défaut, elles périront.
À ce sujet, le Directeur du capital humain d’AFG Bank, Yaya Coulibaly, est réaliste. « On [l’ensemble des banques ivoiriennes, ndlr] est resté sur des solutions traditionnelles alors que les demandes en innovations sont assez fortes sur le marché. Par exemple, la personnalisation des besoins des clients est très poussée aujourd’hui, donc on doit être plus réactifs », dit-il dans une interview exclusive accordée à Digitalmag Côte d’Ivoire, comme pour sonner l’alerte.
Le défi sécuritaire de la digitalisation dans le secteur bancaire
Mais, qu’en est-il de la sécurité ? À une époque où les cyberattaques se multiplient, garantir la protection des informations bancaires est crucial. Si un pirate s’introduit dans les systèmes d’une banque, c’est toute la confiance des clients qui s’écroule. Sur ce segment, les banques n’ont pas droit à l’erreur. Or, sous nos tropiques, les tentatives de piratage sont légion. En 2020, Dataprotect, une structure spécialisée dans la cyber-défense basée au Maroc, a publié un rapport [La fraude Bancaire en Afrique subsaharienne] qui stipule que 85% des banques de la zone UEMOA ont déjà été victimes d’une cyberattaque.
Phishing, core banking et fraudes sur les cartes bancaires étaient les principales armes des criminels. D’ailleurs, NSIA Banque Côte d’Ivoire a été victime d’un détournement de fonds par piratage informatique. Une attaque qui lui a fait perdre environ 1,2 milliard FCFA. Il faut ajouter à ces attaques directes, les fuites d’information (leaks), les retraits sur faux chèques, les fraudes par transfert d’argent et l’usurpation d’identité. Maintenant que les systèmes évoluent vers une digitalisation complète, y compris l’intelligence artificielle, la problématique de la sécurité des données et des fonds des clients devient un sujet épineux qui mérite des éclairages rassurants.
Inutile de rappeler à quel point la digitalisation est incontournable. Plusieurs secteurs d’activités l’ont compris et des mouvements vers la technologie se font entendre. Le secteur bancaire, en Côte d’Ivoire, a déjà entamé sa migration avec, en tête de gondole, Coris Bank et AFG Bank. Mais une digitalisation poreuse ne saurait que mettre du vinaigre dans le miel. La sécurité totale des fonds, la sécurité des données et la garantie d’une bonne expérience client sont des challenges dans cette révolution. Vivement qu’ils soient relevés, pour le bonheur des acteurs et des utilisateurs.
James Kadié