Hervé Bah est directeur technology, data et cybersécurité chez Deloitte Afrique Francophone. Dans cette interview accordée, à la cérémonie de lancement du Cyber Africa Forum, il donne les défis liés à la protection des données, à l’éthique et à la formation dans le contexte de l’intelligence artificielle en Afrique.
Quels sont les défis liés à l’intelligence artificielle en Afrique ?
Les défis associés à l’implémentation de l’intelligence artificielle (IA) en Afrique sont complexes et variés. La protection des données personnelles est au cœur de nos préoccupations, car l’IA, notamment dans son application générative, soulève des questions quant au contrôle et à la conformité avec les législations en vigueur. L’éthique occupe également une place prépondérante : il est essentiel de garantir l’authenticité et la véracité des informations générées par l’IA avant leur diffusion. Par ailleurs, la sensibilisation et la formation autour de l’IA restent un enjeu majeur. Beaucoup ignorent encore ses fondamentaux et ses potentielles répercussions, notamment en termes d’impact sur l’emploi. Face à ces défis, il est crucial d’adopter une démarche éducative, permettant à chacun de saisir les opportunités qu’offre l’IA, tout en naviguant avec prudence dans cet écosystème en pleine évolution.
Comment les entreprises peuvent-elles tirer parti de l’IA tout en garantissant la protection des données personnelles ?
L’intégration de l’IA dans les processus d’entreprise ouvre la porte à une multitude d’avantages, notamment une optimisation significative des opérations et une compréhension accrue des besoins clients grâce à l’analyse approfondie de données. Cela permet de proposer des solutions sur mesure, renforçant ainsi l’efficacité et la compétitivité. Pour ce faire, tout en préservant la confidentialité et la sécurité des données personnelles, il est essentiel d’adopter une approche rigoureuse en matière de gouvernance des données, assortie de politiques et de technologies de sécurité avancées. Cette démarche doit être complétée par une sensibilisation constante sur l’importance de la protection des données au sein des équipes.
Comment est-ce que Deloitte accompagne-t-il les entreprises dans leur transition vers l’utilisation de l’IA ?
Deloitte joue un rôle pivot en accompagnant les entreprises dans leur transition vers une utilisation éthique et efficace de l’IA. À travers nos services de conseil en technologie, nous offrons un soutien sur mesure, allant de la planification stratégique à l’implémentation technique, en passant par la gestion des risques et la conformité règlementaire. Notre objectif est d’assurer que nos clients ne se contentent pas d’adopter l’IA, mais qu’ils le fassent d’une manière qui valorise leurs processus métier, tout en étant alignés avec les attentes sociétales et réglementaires.
Y a-t-il des compétences requises pour le développement du projet de l’IA en Afrique ?
Le déploiement efficace de l’intelligence artificielle (IA) sur le continent africain nécessite une base solide de compétences diversifiées et complémentaires. Au cœur de cette dynamique se trouve la maîtrise de la data science, indispensable pour exploiter le potentiel des données. Les professionnels tels que les data scientists, les ingénieurs en traitement de données, et les analystes, qui maîtrisent l’art de transformer les données brutes en insights précieux, sont au premier rang de cette transformation. Leur expertise technique est cruciale pour développer des solutions IA capables d’adresser des problématiques locales spécifiques et d’apporter une valeur ajoutée tangible.
Toutefois, au-delà des compétences techniques, le développement de l’IA en Afrique appelle à une sensibilité juridique aiguisée. Les professionnels du droit sont essentiels pour naviguer dans le paysage réglementaire, assurant que les innovations en IA soient non seulement avancées mais également conformes aux normes éthiques et légales. Cette dimension juridique est indispensable pour établir un cadre de confiance autour de l’usage de l’IA.
Enfin, une compréhension holistique de l’écosystème IA est nécessaire, impliquant une synergie entre technologie et humanité. La sensibilisation et la formation continue des utilisateurs finaux et des décideurs permettent de démystifier l’IA, favorisant son adoption de manière éthique et responsable. Ce panorama de compétences, alliant expertise technique, juridique, et sensibilisation stratégique, constitue le fondement sur lequel l’Afrique peut bâtir son avenir numérique, exploitant l’IA pour stimuler le développement et l’innovation.
Quel sera votre apport au Cyber Africa Forum (CAF) ?
Deloitte est fier de son engagement continu envers le Cyber Africa Forum, participant activement depuis sa première édition. Nous valorisons profondément cette plateforme comme un espace privilégié pour promouvoir la sensibilisation et le dialogue autour de la cybersécurité, un domaine de plus en plus crucial dans le paysage numérique africain. Notre soutien à cet événement souligne notre croyance en son potentiel à catalyser un échange enrichissant de connaissances et de meilleures pratiques essentielles pour renforcer la sécurité numérique sur le continent.
Cette année, le thème qui associe intelligence artificielle et cybersécurité capte notre attention particulière, soulignant l’urgence et l’importance de s’attaquer aux défis de sécurité que présente l’avancée rapide de l’IA. À travers notre participation, nous visons à mettre en avant notre expertise en cybersécurité et à contribuer à une réflexion approfondie sur la nécessité d’adopter des approches intégrées et innovantes pour sécuriser l’écosystème numérique. Notre engagement au Cyber Africa Forum reflète notre volonté de collaborer étroitement avec les acteurs clés du secteur pour développer des solutions qui anticipent et atténuent les risques de sécurité à l’ère de l’IA, renforçant ainsi la résilience numérique de l’Afrique.
Entretien réalisé
Par Aida Soro