« Nous écartons la piste de sabotage, toutefois nous avons constaté qu’au-delà des coupures des câbles sous-marins liés au courant de turbidité au niveau canyon (trou sans fin), il y a eu également des incidents en amont liés à des travaux du Pont au niveau du Rond-Point Akwaba, à Port Bouët (Route de l’Aéroport Félix Houphouët Boigny), ce qui a entraîné une coupure de câbles terrestres, le 14 mars réparée le 17 mars 2024.
Nous avons identifié les auteurs, nous nous réservons le droit de porter plainte, en attendant que les enquêtes, qui sont cours, aboutissent », explique Maxime Tra, sous-directeur technique en charge des infrastructures (en particulier de la fibre terrestre et en mer) et des opérations à Mtn-ci. C’était au cours d’une conférence de presse le vendredi 24 mai 2024, à Abidjan-Plateau.
Selon lui, c’est courant que les câbles terrestres du groupe soient endommagés, ce qui entraîne des lourdes conséquences pour l’opérateur et aux abonnés. C’est à juste titre qu’’il a appelé les populations à œuvrer dans le sens de la protection des infrastructures de fourniture d’accès au réseau qui sont des biens communs.
On ne peut pas se passer de câbles internet sous-marins
S’agissant des solutions satellitaires notamment les satellites en orbite basse (LEO) proposés par certains acteurs du secteur pour résoudre le problème des coupures de câbles sous-marins, certains, Maxime Tra et Gérard Avoaka, sous-directeur technique en charge des opérations IP et internet, expliquent qu’on ne peut pas se passer de câbles sous-marins qui offrent une capacité de transmission de données sur de longues distances, sans perte de signal.
« En raison de la capacité de stockage (plus de 200 ou 3 00 mégabits) et de la rapidité du câble sous-marin », explique Maxime Tra.
« Même si on passe par le satellite, c’est-à- dire des paraboles, on sera obligé de revenir au câble car un satellite supporte disposer d’un téléport, mais après on est obligé de recourir à nouveau à la fibre optique terrestre pour avoir accès à certains services, notamment les réseaux sociaux (Instagram, WhatsApp, Tic-Toc) dont les serveurs se trouvent pour la plupart en Europe ».
Pour nos deux experts, cela pose le problème de la souveraineté technologique des Etats africains dont la plupart des serveurs sont logés à l’étranger. Le débat est ouvert.
Le jeudi 14 mars 2024, plusieurs câbles sous-marins assurant les liaisons internationales, notamment, le MainOne, le West Africa Cable System (WACS), Africa Coast to Europe (ACE), et SAT-3 auraient été sectionnés en raison de vibrations de fond marin. Ce qui a affecté la fourniture Internet et fixe dans une douzaine de pays africains, dont, la Côte d’Ivoire, le Nigeria, le Ghana, le Sénégal, l’Afrique du Sud. Un phénomène que certains médias ont vite fait de baptiser le ‘’jeudi noir’’.
Eugène YAO