À un an de la prochaine élection présidentielle en Côte d’Ivoire, plusieurs actions contre la mauvaise utilisation des réseaux sociaux sont en cours. Le point commun entre ces campagnes de sensibilisation est la dangerosité des fake news et de la désinformation. Décryptage.
Les réseaux sociaux : arme de désinformation massive
La transparence du bocal qui sert d’urne ne se reflète pas toujours sur les processus préélectoraux et postélectoraux. En plus des procédés flous et opaques, l’utilisation des réseaux sociaux comme arme de “désinformation massive” qui troublent la tranquillité des citoyens. Pis, les fake news sont coupables de plusieurs conflits interethniques en Côte d’Ivoire. À titre illustratif, les nombreuses photos et vidéos relayées via WhatsApp et Facebook qui ont envenimé les troubles dans la ville de M’batto entre octobre et novembre 2020.
“Plusieurs comptes ont monté l’événement en épingle, en relayant des bilans catastrophiques. Sur l’un d’entre eux, un internaute dit se trouver à la morgue pour justifier une liste (fictive) de 34 prétendues victimes des affrontements. (…) Un faux rapport de gendarmerie annonçant la mort de 38 personnes se répand lui aussi rapidement sur WhatsApp et Facebook.”, rapporte Le Monde dans un papier paru le 13 novembre 2020. Un peu plus tôt, cette année-là, un tweet émanant d’un faux compte de l’Ambassade de Côte d’Ivoire en France était à deux clics de troubler le scrutin d’octobre 2020.
“Après plusieurs échanges avec les autorités françaises puis en accord avec le chef de l’État SEM Alassane Ouattara, eu égard à la situation sanitaire en France, la Commission Électorale Indépendante et l’ambassade en Côte d’Ivoire en France informe les ivoiriens résidents que les bureaux de vote prévu ouvrir le samedi 31 octobre prochain dans le cadre du scrutin présidentiel seront finalement fermés en raison desdites restrictions sanitaires.”, peut-on lire sur un visuel relayé par Abidjan.net, avec pour but d’écarter tout soupçon. L’Ambassade de la Côte d’Ivoire a démenti l’information qui a, en revanche, a eu le temps de se propager.
Les moyens déployés contre la désinformation par les réseaux sociaux
Un homme sage ne laissera pas tomber à deux reprises un régime de palme sur son pied. Les institutions ivoiriennes sont, depuis le début du deuxième semestre de l’année, à pied d’œuvre pour réserver aux fake news le même sort que la poliomyélite : les bouter hors du pays. De fait, le 24 juin 2024, à Cocody/Abidjan, le Premier ministre Robert Beugré Mambé a lancé la campagne « En ligneTous Responsables ». Elle a pour but de garantir un espace numérique sûr, vertueux, respectueux et fiable pour tous les citoyens. Le slogan de cette campagne, on ne peut plus directe, est : “Stop aux sorciers numériques”. Un message fort visible dans toutes les rues d’Abidjan et dans certaines villes de l’intérieur.
Dans la même veine, l’Autorité de Régulation des Télécoms/TIC de Côte d’Ivoire (ARTCI) a fait le lancement officiel de sa campagne « Je suis un bon cyber-citoyen » ce mercredi 25 septembre 2024. L’objectif de cette action est d’appeler les Ivoiriens à la vigilance en ligne. Et à la plateforme Police Secours de renchérir avec le Cyber Forum Citoyen Tour, une énième campagne pour appeler les citoyens à plus de responsabilité en ligne relativement à la désinformation. Voilà des initiatives qui n’arrivent pas trop tôt.
Des changements attendus sur la toile ivoirienne
La désinformation et tout ce qui lui est semblable ont pris le temps de pénétrer le quotidien des Ivoiriens. Mais avec les efforts conjugués des organismes comme Police Secours et la PLCC, le pourcentage de fake news est en baisse. « La PLCC vous regarde, soyez responsable, ça vous dit ? » C’est une phrase qui vient immédiatement à l’esprit lorsqu’il s’agit de faire un commentaire peu catholique. Sur ce coup, le détachement de la police a imposé sa suprématie sur les réseaux sociaux. Résultat : interpellation des internautes qui outrepasse les lois et surtout, baisse du taux de fake news en ligne.
“Les élections qui arrivent, on craint que l’IA sera beaucoup utilisée pour créer de la désinformation (…)”, s’est inquiété Assane Coulibaly Keïta, fondateur de Police Secours et organisateur du CyberCitoyen Tour, avant de rassurer que “le projet s’étend jusqu’à la veille des élections 2025 à la Côte d’Ivoire.”
Les campagnes en cours sont de bonnes initiatives qui promettent des résultats effectifs. Nous les attendons impatiemment. Il faut notamment que ces efforts soient reconduits après les élections prochaines pour un toilettage complet de la Côte d’Ivoire en ligne.
James Kadié