Le secrétaire général du Syndicat national des chauffeurs VTC de Côte d’Ivoire, Jules N’Takpé Boka, dans cet entretien, lève un coin de voile sur les rapports du SYNACVTCCI avec la Chambre nationale de métiers de Côte d’Ivoire pour la professionnalisation du secteur.
Les chauffeurs de taxis-compteurs accusent les VTC de leur livrer une concurrence déloyale. Que répondez-vous ?
Le VTC, véhicule de transport avec chauffeur, est aussi appelé véhicule de réservation avec chauffeur. Cela sous-entend que le client, avant d’avoir accès à un de nos véhicules, doit forcément passer une commande, et cette commande doit être forcément reliée à une application comme Yango, Uber ou Heetch. Le chauffeur VTC qui prend un client qui n’en a pas fait la commande à partir d’une application de mise en relation via son smartphone, tombe sous le coup de la loi.
Est-ce à dire que vous vous reconnaissez donc dans les accusations des chauffeurs de taxis-compteurs ?
Je dis non ! Les VTC ne fonctionnent pas comme les taxis communaux qu’on peut prendre à tout bout de champ. Il n’y a aucune gare pour les VTC ni à Abidjan ni ailleurs à l’intérieur du pays. Alors, comment pouvons-nous voler les clients des taxis-compteurs ? Il faut qu’on arrête de nous diaboliser parce que les VTC n’empiètent pas sur le domaine des taxis-compteurs. Nos clients passent leur commande à partir de leur smartphone. Ce qui n’est pas le cas des taxis-compteurs. Eux, leurs clients les arrêtent au bord de la route comme bon leur semble. Nous n’avons donc pas à nous marcher là-dessus parce que les deux types de transports peuvent cohabiter, et chacun peut vivre de ses activités sans demander à l’État de contraindre l’autre à quitter le marché.
Votre corporation entretient-elle des rapports avec la Chambre nationale de métiers de Côte d’Ivoire?
Oui, depuis quelque temps, nous avons entrepris des démarches aux fins de faire enregistrer nos adhérents au registre des métiers de la Chambre nationale de métiers de Côte d’Ivoire. Les chauffeurs VTC sont des artisans. C’est l’article Premier du Règlement n° 01-2014 CM/UEMOA portant Code communautaire de l’artisanat qui nous définit ainsi. Nous exerçons de petites activités de transport par des véhicules à 4 roues, donc nous sommes des artisans. D’où notre intérêt pour la Chambre nationale de métiers de Côte d’Ivoire.
Qu’attendez-vous de la Chambre nationale de métiers de Côte d’Ivoire ?
Nous attendons qu’elle nous accompagne pour atteindre tous nos objectifs. De par ses missions, elle peut contribuer à l’encadrement et à la modernisation du secteur des VTC qui est le nôtre. Avec l’assistance des structures de formation technique et professionnelle, elle peut aussi participer à la formation des chauffeurs VTC pour une meilleure adéquation de l’emploi aux besoins de l’économie. Notre syndicat revendique actuellement plus de 60.000 adhérents.
Notre parc automobile pour la seule ville d’Abidjan tourne autour de 32.000 véhicules pour une clientèle journalière d’environ 1 million de personnes. Dans un tel contexte, la Chambre nationale de métiers de Côte d’Ivoire reste, pour le syndicat, le partenaire par excellence pour la professionnalisation du secteur VTC.
Entretien réalisé
Par K. Bruno