Pour Habib Bamba, directeur de la transformation digitale et des médias à Orange Côte d’Ivoire, le numérique en Afrique ne doit pas se limiter aux infrastructures technico-informatiques. Il doit plutôt servir à la création de richesses. Explications dans cet entretien réalisé à l’African Digital Week 2022, le 28 novembre 2022, au BBR, sur l’île Bouley.
Qu’est-ce qui justifie votre présence à l’African Digital Week ?
African Digital Week, c’est le plus grand rendez-vous des acteurs du numérique de Côte d’Ivoire, organisé par l’UNETEL, le GOTIC, le Club des DSI (Directeurs des systèmes d’informations). Nous sommes là avec les start-ups que nous accompagnons à Orange Fab, notre programme d’accélération des start-ups.
Comment évaluez-vous l’adoption du numérique en Afrique ?
Quand on parle de numérique, on parle de création de valeurs. Le numérique, ce n’est pas de la technologie, ce n’est pas de l’informatique. C’est plutôt comment on s’appuie sur la technologie pour créer de la valeur, pour progresser. C’est pour moi, le sens de l’Afrique augmentée. L’Afrique a, aujourd’hui, une opportunité extraordinaire de développement grâce au numérique. C’est le seul outil qui impacte tous les secteurs : santé, éducation, la culture, l’agriculture… Mais, il faut de vraies stratégies numériques pour la création de valeur.
De quelles stratégies parlez-vous ?
Il faut poser des bases solides autour de l’écosystème, de la connectivité, du cadre réglementaire, de la fiscalité, etc. Nous, à Orange Côte d’Ivoire, acteur majeur de cet écosystème, on ne fait plus que fournir de la connectivité, des infrastructures ou des terminaux. On offre de plus en plus des services, on accompagne tout l’écosystème avec des programmes comme Orange digital center.
Comment accompagnez-vous les start-ups ivoiriennes ?
Quand on regarde les géants du numérique, c’était au départ des start-ups, des acteurs du privé qui ont créé de la valeur, et cette valeur sert, aujourd’hui, tout le monde. Si on veut une vraie création de valeurs par le numérique, il faudra que des entrepreneurs ivoiriens se développent et créent des services utilisables dans notre vie de tous les jours. Par exemple, le mobile money. Voici une solution qui a été créée localement par rapport à nos besoins spécifiques, et qui a explosé. On pense qu’il y a plein de services de ce type qui peuvent être créés par des entrepreneurs locaux.
Que faut-il, selon vous, pour que nous ayons également des géants du numérique ?
On a besoin d’un secteur privé fort, de start-ups fortes. Les start-ups n’ont pas besoin que de moyens financiers. Elles ont besoin de formation, d’accompagnement, de visibilité. Raison pourquoi nous avons créé des programmes comme Orange Fab qui permettent d’accompagner ces start-ups, notamment celles qui commencent à être à un certain niveau. On ne fait pas de l’incubation, on fait plutôt de l’accélération. On prend des start-ups existantes, que vous connaissez, CinetPay et Wi-Assur, par exemple, et on leur donne un peu de moyens financiers, de la formation, on signe des partenariats avec elles pour développer des marchés, et faire de l’open innovation.
Entretien réalisé
Par K. Bruno