Epargner n’est pas facile. Une méthode de facilitation est la tontine des femmes des marchés. Mais, avec la révolution numérique, les plateformes digitales semblent se substituer à la bonne vieille tradition. Et là, des gens se font arnaquer. La Plateforme de lutte contre la cybercriminalité (PLCC) vient d’être saisie d’une affaire rocambolesque.
Dans une publication sur sa page Facebook, la PLCC écrit que « les tontines ont historiquement permis à des communautés de s’entraider financièrement ». Mais « leur transition vers le numérique a ouvert la porte à une nouvelle vague d’escroqueries. Des plateformes frauduleuses et des organisateurs mal intentionnés profitent de l’anonymat du web pour détourner les fonds collectés et disparaître sans laisser de trace, laissant ainsi derrière eux des victimes dont la confiance a été abusée », ajoute-t-elle.
Appât par lien affectif
L’histoire qui suit en est un témoignage concret. Madame TEM a un rêve : bâtir sa propre entreprise. Elle décide donc de se constituer une épargne. C’est alors qu’elle entend parler des tontines, ces groupes d’épargne collective très populaires en Côte d’Ivoire. Elle explore les options disponibles et découvre un groupe de tontine en ligne. À sa grande surprise, l’une de ses amies proches en fait déjà partie. Pour elle, c’est une connexion de confiance. Auprès de son amie, elle recueille les informations nécessaires et s’inscrit après les assurances que celle-ci lui donne.
Les premiers mois, Madame TEM verse ses cotisations mensuelles. « Cependant, un événement familial imprévu vient chambouler ses plans. Elle se retrouve en difficulté financière, incapable d’honorer sa cotisation du mois », souligne la publication de la PLCC. Elle contacte alors la gérante du groupe et lui demande de lui accorder un délai pour régulariser sa situation. Sauf que la réponse de cette dernière est brutale et inattendue. Sans explication ni avertissement, TEM est exclue du groupe. Confuse, elle tente à plusieurs reprises de joindre la gérante : appels, messages, rien n’y fait.
Comment la PLCC met hors d’état de nuire les cybercriminels ?
Pis, elle remarque que le groupe en ligne a tout simplement disparu. Elle comprend alors que ses fonds épargnés au prix de mille sacrifices ont été emportés par des escrocs. TEM se tourne vers son amie qui l’a mise en confiance. Cette dernière lui révèle qu’elle aussi a été dupée par la même arnaque. En réalité, le groupe de tontine n’était qu’une vaste escroquerie habilement conçue. TEM saisit la PLCC. Les agents de l’unité, réceptifs à son récit, l’accompagnent dans sa procédure de porter plainte. Les investigations menées par la PLCC, avec l’appui du Laboratoire criminalistique numérique (LCN) ont conduit à l’interpellation de ZDM.
Lors de son audition, elle révèle avoir monté un faux groupe de tontine avec des participants fictifs dans le but d’arnaquer son amie TEM et d’autres. Elle admet avoir usurpé l’identité d’une autre personne pour commettre d’autres fraudes similaires par le passé. Le montant reçu par ZDM suite à cette escroquerie s’élève à un million quatre-vingt-quatre mille trois cent dix francs CFA (1 084 310 F CFA). ZDM a été conduite au parquet pour escroquerie sur internet. Pour la PLCC, cette affaire met en lumière les dangers du monde numérique et souligne l’importance de rester prudent face à la prolifération des escroqueries en ligne.
K. Bruno
(Source PLCC)